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Le 2 mai 1808 : la révolte populaire madrilène

Audrey
   Posté le 02-05-2008 à 23:43:03   

Le 2 mai 1808, coup d'envoi d'un conflit désastreux pour l'Espagne


Le "Dos de Mayo" de Francisco Goya
exposé au Musée du Prado

La révolte populaire madrilène du "2 mai" 1808 contre les forces d'occupation françaises, dont le bicentenaire est célébré vendredi, déclencha une guerre de six ans désastreuse pour l'Espagne déjà mal en point du début du 19e siècle.

Concerts, films, pièces de théâtre et expositions sont au programme pour célébrer à travers tout le pays, et plus particulièrement dans la capitale, la rébellion madrilène de 1808 et la victoire finale de l'Espagne dans la guerre dite d'Indépendance (1808-1814).

Les spécialistes divergent sur l'analyse de ce conflit, appelé "Guerre d'Espagne" en France, "Guerre d'Indépendance" en Espagne et "Guerre péninsulaire" par les Anglais, dont les troupes contribuèrent à chasser d'Espagne celles de Napoléon en 1814.

Presque tous estiment cependant que cette guerre "brutale et destructrice" fut une "catastrophe" pour l'Espagne, comme le rappelle le professeur José Alvarez Junco, de l'Université Complutense de Madrid.

Le pays en est ressorti exsangue et divisé, en voie de perdre son empire colonial américain, avant de subir jusqu'en 1833 la monarchie absolutiste et rétrograde de Ferdinand VII, qui rétablit l'Inquisition abolie en 1808.

Plusieurs milliers de Madrilènes, marginaux et gens du peuple pauvrement armés, attaquèrent le 2 mai les soldats du général Murat qui occupaient la capitale, avant de subir le lendemain une sévère répression.

Cette révolte spontanée, illustrée par deux célèbres tableaux de Francisco Goya qui viennent d'être restaurés au Prado, fut bien le "détonateur" de la guerre d'Indépendance, selon l'historien Miguel Artola.

Mélange de guerre traditionnelle et de "guérilla" (le mot date de cette époque) le conflit, particulièrement cruel, fut marqué par des épisodes légendaires comme le siège de Saragosse, qui capitula début 1809 après une résistance héroïque.

D'où l'image d'une Espagne "romantique" de "guérilleros" luttant pour la liberté de la "nation" face aux envahisseurs français, un contraste avec la "légende noire" des massacres du Duc d'Albe aux Pays-Bas ou des Conquistadors aux Amériques, note le professeur Alvarez Junco.

Mais cette "mythologie nationaliste", selon lui, ne résiste pas aux faits : le pays était divisé entre "afrancesados", partisans "éclairés" des réformes démocratiques et monarchistes appuyés par un clergé fanatique, tandis que l'armée espagnole était désorganisée.

Napoléon n'aurait jamais été vaincu en Espagne sans l'intervention décisive des forces anglaises commandées par le général Wellington, renchérit l'historien anglais Ronald Fraser, qui vient de publier un livre sur la "Maudite guerre d'Espagne".

Cette expression est attribuée à l'Empereur français, réalisant lors de son exil à Sainte-Hélène que le conflit lié à l'installation de son frère Joseph sur le trône d'Espagne, qui avait englué une partie de la Grande Armée dans la péninsule, avait été pour lui le début de la fin.

Par ailleurs, "la guerre d'Indépendance fut l'opportunité" dont profitèrent les colonies américaines pour revendiquer leur propre indépendance à partir de 1809, rappelle l'historien Miguel Artola.

Sous l'impulsion des "libertadores" Simon Bolivar et José de San Martin, l'Amérique Latine se libérait définitivement quinze ans plus tard du joug espagnol, après la bataille d'Ayacucho au Pérou.

Décidément, "il est difficile de tirer quelque chose de positif" de cette guerre d'Indépendance, dans laquelle "le peuple s'est battu pour la liberté et a obtenu l'absolutisme" du régime de Ferdinand VII, selon M. Alvarez Junco.

L'Espagne en est sortie "détruite, ruinée et n'a jamais vraiment récupéré" au cours du 19e siècle, souligne Ronald Fraser.

Auteur d'un livre à succès sur la révolte du 2 mai, "Un jour de colère", l'écrivain espagnol Arturo Perez-Reverte n'est pas moins sévère dans son analyse de "cette guerre impitoyable qui a changé l'histoire de l'Europe".

"En 1808, nous les Espagnols nous sommes trompés d'ennemis, une erreur dont nous payons encore les conséquences 200 ans après", écrivait le père d'Alatriste dans une récente chronique du quotidien El Pais.

Tendues au début des années 1980, les relations franco-espagnoles sont actuellement au beau fixe et les deux pays coopèrent étroitement dans la lutte contre l'organisation indépendantiste basque armée ETA.

Vendredi, jour des célébrations officielles, la famille royale espagnole et le chef du gouvernement José Luis Rodriguez Zapatero assisteront à la célébration des 200 ans de ladite "Bande des maires de Mostoles".

L'ambassadeur de France Bruno Delaye participera également aux cérémonies organisées à Mostoles, une ville proche de Madrid qui appuya le soulèvement de la capitale et demeura officiellement en guerre contre la France jusqu'en ... 1985.

(AFP - 02/05/08)
Pierma
   Posté le 04-05-2008 à 17:24:00   

Audrey a écrit :

(...) une ville proche de Madrid qui appuya le soulèvement de la capitale et demeura officiellement en guerre contre la France jusqu'en ... 1985.


Ils seraient pas rancuniers ?

Joseph (qui se fait donc numéroter Joseph 1er, "Don José Primero" ) à son frère Napoléon :
- Sire, ma situation est sans précédent dans l'Histoire : il n'y a pas un seul de mes sujets pour m'aimer.

Son frère répond qu'il se fait des idées, et que les révoltés ne sont que des bandits. Eternel mépris des militaires envers les irréguliers.


Edité le 04-05-2008 à 17:24:29 par Pierma