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Feu vert pour le V-22 OSPREY

Audrey
   Posté le 11-02-2006 à 03:39:13   

(AFP)
Le V-22 Osprey vient de recevoir l'aval du Pentagone


Etonnant combiné avion-hélicoptère, le V-22 Osprey , après 22 ans d'essais chaotiques ...et une trentaine de morts, vient de recevoir l'aval du Pentagone - ministère américain de la défense -.
Or, l'appareil souffre encore de défauts peut-être rédhibitoires...

Le V-22 est le seul appareil à hélice capable d'atterrir à la verticale et de voler comme un avion.

Autrement dit, il élimine le principal inconvénient de l'avion - la piste d'atterrissage - en même temps que le principal inconvénient de l'hélicoptère : sa lenteur, synonyme de vulnérabilité .

Pour comprendre le tour de force que, sur le papier, représente le V-22, il faut savoir qu'un hélicoptère se maintient en l'air grâce à son rotor, une "voilure tournante" composée de plusieurs pales profilées comme une aile d'avion.
Le hic, c'est qu'en vol, la vitesse de rotation de la pale qui avance s'ajoute à celle du déplacement de l'appareil : l'extrémité de la pale frise alors la vitesse du son, créant des vibrations rédhibitoires .
Résultat : la vitesse des hélicoptères reste bloquée sous 340km/heure.

La solution mise en place sur le V-22 est formidable : 2 " rotors basculants " (" tiltrotors " en anglais) sont installés à chaque extrémité d'une aile d'avion.
Au décollage, l'axe de ces tiltrotors est en position verticale, comme sur un hélicoptère.
Mais une fois en l'air, moteurs et rotors basculent à l'horizontale, pour devenir des hélices d'avion !
Du coup, le V-22 affiche une vitesse de 450 km/h , un record pour une voilure tournante !

Petite histoire du concept du Tiltrotor

Le concept du tiltrotor est apparu en 1939 sur un projet allemand, le Focke Achgelis Fa-269 .
Un concept repris après guerre par les américains sur le Bell XV-3 .
Les essais en 1955 prouvent la viabilité de la technologie. Mais faute de moteurs assez puissants, l'appareil ne dépasse pas la vitesse d'un hélicoptère... Ce qui provoque l'abandon de la formule.

En 1971 , le XV-15 , conçu à la demande de l'US Navy et de la Nasa, dépasse enfin les 550 km/h . Ce qui convainc Reagan de lancer en 1982 le V-22 , une version de transport lourd du XV-15 (24 soldats en armes) .
Le projet est confié aux constructeurs Bell et Boeing.

En 1987 , les ingénieurs réalisent que l'engin coûtera bien plus que les 24 millions de dollars annoncés (complexité oblige !).
Du coup, l'Armée abandonne le projet et l'Air Force réduit sa commande à presque rien, laissant le corps des Marines développer l'appareil en solo.

En juin 1991 , un premier crash fait 2 blessés.
Un second, en juillet 1992 , fait 7 morts .
Le projet est enterré.

Mais en 1993, Bill Clinton décide la poursuite du programme.
Mais les incidents continuent, cachés par les responsables d'essais, qui falsifient les rapports.

Le 8 avril 2000 , un V-22 Osprey, simulant une chute rapide est surpris par un phénomène méconnu car rarissime avec les hélicoptères : le " vortex ring " (anneaux tourbillonnaires).
Déséquilibré, l'appareil s'est retourné, tuant les 19 Marines à bord ...

En 2000 , un autre V-22 s'écrase : 4 essayeurs perdent la vie .

Ce n'est qu'après une énième phase d'essais, en 2005 , que le Congrès a donné le feu vert à la construction en série : 360 appareils seront construits pour les Marines.

Le programme d'essais de cet appareil aura coûté au total 30 morts .
Et il aura été l'un des plus onéreux : chaque exemplaire reviendra in fine entre 75 et 115 millions de dollars .
Le développement à lui seul aura coûté plus de 16 milliards (soit 2 de plus que celui de l'Airbus A-380) .

Mais le pire est que le V-22 Osprey n'est peut-être même pas la réussite tant promise aux Marines ! Car l'engin conserve des travers propres au tiltrotor.
Ainsi, le souffle engendré par les hélices est si puissant aux abords du sol ou de l'eau qu'il compromet la récupération de blessés en vol stationnaire, au point que l'appareil a été disqualifié pour la plupart des missions de sauvetage !
Plus grave : en cas d'arrêt des deux moteurs, éventualité à envisager en toutes circonstances, le crash est inévitable .

En somme, il reste à souhaiter aux Marines de ne jamais aller au combat dans un V-22 !

La conversion du mode avion au mode hélicoptère est un des points délicats de l'appareil. Vu son extrême complexité, la gestion des commandes est confiée à un ordinateur.



Message édité le 23-02-2006 à 21:16:04 par Audrey