Le Petit Monde d'Audrey
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 UNE DE TROP (3ème partie)

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abeille
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   Posté le 07-12-2006 à 07:57:42   Voir le profil de abeille (Offline)   Répondre à ce message   http://aristee.canalblog.com/   Envoyer un message privé à abeille   

Bien qu'il n'y ait pratiquement aucun lecteur, je vais passer cette petite pièce jusqu'au bout.


UNE DE TROP
(3ème partie)




Paul
Vous êtes hôtesse de l’air, je crois ?
Jeanne
Effectivement. Là, je suis en congé pour 3 jours. J’ai beaucoup aimé mon métier. Tous ces voyages sont enrichissants. Mais, je vous l’avoue, je commence à arriver près de la saturation. Les voyages au long cours avec les décalages horaires et les sautes de température, à la longue, cela devient fatiguant.
Paul
Pourtant, je vous l’assure, vous semblez en pleine forme.
Jeanne
Merci. Mais si la façade tient encore à peu près, il y a une lassitude à l’intérieur.
Paul
Vous ressentez le besoin de poser votre valise, et vous aspirez à une vie plus calme ?
Jeanne
Oui. C’est ça : une vie plus calme.
Paul
Peut-être une vie avec un mari et des enfants ?
Jeanne
Ah non ! Tout de même ! Je n’en suis pas encore là !
Paul
Votre réaction prouve que vous êtes contre le mariage.
Jeanne
Ni pour ni contre. Je pense simplement que le mariage n’est pas un but en soi. Je me marierais peut-être si les conditions sont réunies : amours réciproques, envie d’une vie de couple, d’avoir des enfants. Mais en aucun cas je ne me marierais parce que "cela se fait".


Paul
Et vous ne vous marieriez pas pour vous assurer une vie matérielle aisée ?
Jeanne
Oh, ça, certainement pas. Je dirais même au contraire. Je n’aimerais pas me marier avec quelqu’un de riche. J’aurais l’impression de me vendre…
Paul
Jeanne, je ne vous connais pas beaucoup, mais j’aime votre attitude devant les problèmes de la vie.
Jeanne
Hé bien j’en suis charmée.


Jacques entre en scène, venant de la cuisine. Il porte un plateau avec une bouteille de champagne dans un seau de glace, 3 flûtes et des feuilletés apéritifs.

Jacques
Voilà, je viens de faire chauffer des feuilletés apéritifs. Avouez que je suis un bon maître de maison…et mûr pour le mariage.
Jeanne
Mais non, justement. Pourquoi vous marier puisque vous êtes vous-même un parfait "homme d’intérieur" ?
Paul souriant
C’est vrai, Jacques. Tu n’as aucun intérêt à te marier !
Jacques
Aucun intérêt à … Tu te fous de moi ?...
Jeanne
Ah bon ! Vous avez donc intérêt à vous marier, Jacques ? Expliquez-moi ça ! Vous n’attendez pas un bébé, je suppose…
Paul
C'est-à-dire que non. Jacques n’attend pas vraiment de bébé… Il a seulement … des espérances…
Jeanne
Ah ? Ca veut dire quoi, des espérances ?
Jacques
Cela ne veut rien dire du tout... Il dit n’importe quoi !!
Jeanne regarde longuement Jacques
Oui… Je vois que vous avez de petits secrets… Je ne me montrerai pas curieuse.
Elle prend une flûte que Jacques vient de remplir durant la conversation.
Jeanne, elle lève sa coupe.

Bon. Je bois à vos petits secrets… et aux espérances de Jacques.
Paul
Oui. Aux espérances de Jacques !
Jacques, levant aussi sa flûte
D’accord. J’espère… que vous allez me lâcher la grappe, l’un et l’autre. Mais c’est peut-être beaucoup demander ?
Jeanne
Vous êtes bien susceptible, Jacques !
Paul
Oui, bien susceptible.

Jacques les regarde l’un après l’autre.
Ouais ! Vous avez l’air de bien vous entendre tous les deux… sur mon dos !
Jeanne et Paul, en même temps.
Mais non, mais non !
Ils se regardent et éclatent de rire.
Puis, Paul, reprenant son sérieux, s’adresse a Jacques.
Paul

Jacques, il me semble que tu pourrais parler de ton problème à Jeanne. Je suis persuadé qu’elle est de bon conseil.
Jacques
Tu plaisantes ? Tu voudrais que je parle à Jeanne, de …enfin de …et puis non, zut à la fin ! Tu es complètement dingue ! Je ne pourrais jamais… Et bien fais-le toi, si tu veux, mais moi non !
Jeanne
C’est si grave que ça pour que Jacques n’ose pas en parler ?
Paul
Non, ce n’est pas très grave …mais éventuellement, cela vous mettait en cause.
Jeanne
Ah, cette fois vous en avez trop dit. Expliquez-vous.

Paul (après avoir consulté du regard Jacques qui acquiesce).
Et bien voilà. Figurez-vous que ce veinard de Jacques va peut-être hériter une grosse fortune de son oncle. Jusque là, ça va. Mais le Tonton a mis une condition : pour pouvoir bénéficier de cet héritage, Jacques doit se marier dans les 3 mois.
Un assez long silence.
Jeanne

Oui. Vous m’avez dit que je pouvais éventuellement être en cause. Cela signifie-t-il que Jacques a pensé se marier avec moi pour avoir droit à l’héritage ?
Jacques
Mais non !!! Ce n’est pas que pour l’héritage.
Jeanne
Mais en partie quand même. Et bien, puisqu’il semble que le règlement de votre problème soit urgent, je ne vais pas vous faire perdre votre temps. C’est non, non et non !!!!
Jacques, très vexé.
Mais enfin, qu’est-ce que vous me reprochez ?
Jeanne
Jacques, la question n’est pas là. Je ne veux pas me marier. Point.
Jacques, toujours vexé.
Et si c’était Paul qui devait hériter dans les mêmes conditions, votre réponse serait la même ?
Jeanne
Mais je ne connais Paul que depuis tout à l’heure !


( A suivre)

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abeille
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   Posté le 08-12-2006 à 07:47:53   Voir le profil de abeille (Offline)   Répondre à ce message   http://aristee.canalblog.com/   Envoyer un message privé à abeille   

Jacques
Donc si vous le connaissiez mieux, vous lui diriez peut être oui. Ce n’est pas au mariage que vous dites non, mais à moi…
Paul
Oh, fiche lui la paix avec tes raisonnements à 4 sous. Jeanne ne veut pas se marier, surtout dans les 3 mois. Au moins la situation est nette, elle ne peut régler ton problème. Mais il y en a d’autres... cherche, et ne perds pas de temps...
Oh, à propos de perte de temps, j’ai un rendez vous (il regarde sa montre) dans une demie heure. Il faut que je vous laisse, les enfants.
Jeanne
Il faut aussi que j’y aille. J’ai promis a ma mère de passer.
Paul
Voulez-vous que je vous dépose quelque part ? J’ai ma voiture tout près.
Jeanne
Volontiers, si cela ne vous gêne pas trop.
Jeanne et Paul prennent congé de Jacques et sortent ensemble.
Jacques seul en scène.

Voilà voilà voilà !
J’avais deux candidates éventuelles au mariage, c’était une de trop. Maintenant il ne m’en reste plus qu’une, et si elle déclare forfait, adieu les picaillons du Tonton.
Quand même !! Qu’est-ce que je lui avais fait pour qu’il me joue un tour pareil !!
Le rideau tombe.


Un mois plus tard...
Nous sommes dans le salon de l’appartement de Paul. Beaucoup plus cossu que celui de Jacques. Grande bibliothèque, secrétaire, fauteuils Pullman, poufs marocains en filali, plateaux de cuivre, etc.
En scène, Paul termine de disposer sur une table basse, des verres à apéritifs qui viennent rejoindre des bouteilles et divers amuse-gueule.
Le rideau s’est levé depuis quelques secondes lorsque la sonnette d’entrée retentit.
Paul sort par la porte du fond, puis il revient, précédé par Jacques.
Jacques

Un mois. Cela fait un mois que nous ne nous étions pas vus. Au moment où j’avais le plus besoin de toi !! Et si je ne t’avais pas téléphoné, nous serions restés combien de temps sans nous voir ?
Paul
Ecoute Jacques, j’ai dû partir précipitamment en Afrique Noire pour ma société, et je ne suis rentré qu’avant-hier. Alors, ton problème l’as-tu avancé ? Où en es-tu ?
Jacques
Pour avancer… le temps, oui, lui, a avancé... Je n’ai plus que 2 mois pour me marier. Et plus ça va, plus j’ai envie d’avoir cet héritage.
Mais toujours pas de femme en vue…
La dernière fois que nous nous sommes vus, il y avait Jeanne, qui tu t’en souviens, ne veux pas se marier…
Paul très gêné.
Oui, à ce propos il faut que je te dise… Tu vas rire… Lorsque je suis parti en Afrique, elle était hôtesse de l’air dans mon avion… et deux ou trois fois, au cours de mes petits voyages entre Douala et Brazza et Bangui, nous nous sommes retrouvés dans le même avion. C’est drôle, non ?.............................
Oh et puis zut, tu le sauras automatiquement, il n’est pas impossible que nous nous mariions.
Jacques
Quoi ???? Jeanne et toi ? Ah vous avez du bien vous ficher de moi...
Paul
Pourquoi veux-tu qu’on se soit moqué de toi ? Tu sais dans quel état d’esprit nous étions l’un et l’autre : pas question de mariage ! Et puis, voilà… Non. Si nous avions dû nous moquer de quelqu’un, ce serait de nous. Certainement pas de toi. Mais revenons à ton problème. Tu m’avais dit connaître une autre femme, Claire je crois, si ma mémoire est bonne.
Jacques
Oui, Claire. D’ailleurs tu vas la voir. (Jacques n’arrive visiblement pas à avaler le mariage de Jacques et Jeanne). Vous êtes des salauds, et moi, pauvre crétin, je vais t’en présenter encore une autre. Tu vas essayer de me la faucher celle-là aussi ?
Paul
Allons, Jacques, je n’ai pas un cœur d’artichaut comme toi. J’aime une fois, et cela me suffit. Dis-moi, où en es-tu avec Claire ?
Jacques, toujours en colère.
Où j’en suis avec Claire ? Je n’en sais rien... Quand je pense qu’en te la présentant je croyais que tu saurais peut-être me dire ce que je puis attendre d’elle. C’est pas juste ! J’ai absolument besoin de me marier et c’est toi qui te marie… avec l’une de mes prétendantes !
Paul
Mais enfin Jacques, tu le sais très bien. Jeanne n’a jamais voulu se marier avec toi. Ni elle ni moi ne t’avons trahi. Quand à Claire, il me semblait qu’elle était prête à se marier, à créer un foyer, à avoir des enfants… Alors puisque tu l’aimes de surcroît, où est le problème ?
Jacques
Le problème… le problème… Je lui ai demandé si elle voulait se marier avec moi, bien sûr, mais j’ai commis une erreur. Pour emporter sa décision, je lui ai parlé du testament de l’oncle, et alors…
Paul
Et alors… Je m’en doute. Elle a dû te dire que tu ne l’aimais pas et que tu voulais te marier uniquement pour les sous du Tonton.
Jacques
Exactement. Moi, je pensais que le fait que nous serions riches, aurait pu lui faire plaisir.
Paul
Mon pauvre Jacques, tu es tombé sur une fille bien. Si j’étais à ta place, je laisserais passer le délai imposé par ton oncle, puis je dirais à Claire : "Vous voyez bien que je vous aime, puisque j’ai renoncé pour vous à un gros héritage".
Jacques
Mais c’est idiot, ton truc. Je ne veux pas renoncer à 30 millions d’euros !!
A ce moment-là, la sonnette d’entrée retentit. Jacques dit : "la voilà", puis il sort.
Quelques secondes plus tard, il revient précédé par une jeune femme agréable et élégante.
Jacques fait les présentations.
Claire

Ah c’est vous Paul, le Maître à penser de Jacques.
Paul
C’est curieux, j’ai déjà entendu ça quelque part. Mais non. Sincèrement non. Je ne suis pas le Maître à penser de Jacques. D’ailleurs, il vous le dira lui-même, il est parfaitement capable de penser par lui-même… Pas toujours très bien, mais il arrive à penser.
Jacques
Je t’en prie, Paul, ne fais pas ton joli cœur. Une fois ça suffit !
Claire
Cela veut dire quoi ?
Paul
Oh rien. Un très vieux souvenir… qui remonte au temps où nous étions en culottes courtes.

Jacques s’adressant à Claire.
Attention, Claire. C’est un fieffé menteur. Nous ne nous connaissons que depuis 6 ans. Nous n’avions pas de culottes courtes. Méfiez-vous de lui...

Claire s’adressant à Paul
Je ne sais si vous êtes un menteur, mais je dois dire que votre ami est d’une franchise absolue. Savez-vous ce qu’il m’a dit ?
Paul
Euh… non. Mais je sais qu’il peut être franc… par erreur….
Claire
C’était le cas avec moi. Il m’a dit : Voulez-vous vous marier avec moi. Il faut que je me marie très vite pour toucher l’héritage d’un oncle.
Jacques
Mais enfin c’est faux. Je n’ai pas dit ça comme ça !
Claire
Mais vous avez dit « ça ». Oui ou non ?
Paul
Je sais qu’il s’est mal exprimé. Il m’avait dit qu’il vous aimait, il n’y avait donc pas de question d’argent. L’héritage, c’était simplement le bonus...
Claire
Comment voulez-vous que je vous crois ? Vous êtes un menteur, Jacques l’a dit et l’a prouvé.
S’il m’aime vraiment, il est facile pour lui de le prouver. Il renonce à l’héritage, et là, je le croirais.
Un long silence.
Jacques

Bon, d’accord. Je vous aime Claire, et je vous demande de m’épouser… dans 3 mois, lorsque j’aurais perdu mes droits à l’héritage.
Paul
Tu es bien sûr de ce que tu fais ?
Jacques
Parfaitement ! Claire voulait une preuve. Je la lui donne.
Claire réfléchit quelques secondes.
Je suis un peu émue. C’est une vraie preuve d’amour. Oui, Jacques j’accepte d’être votre femme dans quelques mois, et je vous demande pardon d’avoir douté de vos sentiments.
Jacques
Alors buvons à cette merveilleuse nouvelle ! A notre mariage dans 3 mois !
Claire
Trois mois, c’est peut-être un peu court, mais dans quelques mois, oui ?
Jacques
Pourquoi pas dans trois mois ?
Claire
Il faut que je vous dise : je suis en instance de divorce, et il n’est pas encore effectif…
Jacques furieux
Quoi ????? Vous m’avez menti vous aussi !!!!!! Il n’y a donc que des menteurs sur terre !!!!! En fait, vous n’êtes pas libre. Je ne vous le pardonne pas, Claire. On ne peut démarrer une vie de couple sur un mensonge. Je reprends ma parole, vous n’êtes pas digne d’être ma femme…



Claire
Mais enfin, Jacques, je ne vous ai pas menti. Nous n’avions pas eu l’occasion de parler de mon premier mariage, c’est tout. Et puis je suis libre, puisque je suis séparée de mon ancien mari depuis 3 ans...
Jacques
Vous n’êtes pas libre, puisque vous ne pouvez pas vous marier. Je regrette, mais tout est terminé entre nous !
Claire, furieuse, prend son sac, ses gants, et sort en disant :
Vous ne savez pas ce que vous voulez. Vous dîtes m’aimer, et vous ne pouvez pas attendre quelques mois. Drôle d’amour ! Alors, que moi, j’étais prête à vous aimer profondément… Vous êtes un pauvre type !
Elle sort.


Un petit silence après le départ de Claire.
Jacques

Ouf ! Je l’ai échappée belle !
Paul
Je ne comprends pas. Tu dis l’aimer au point de renoncer à l’héritage de l’oncle, et tu sembles soulagé de ne pas te marier avec elle !
Jacques
C’était un coup de poker.
Paul
Un coup de poker ?
Jacques
Bien sûr. Tu penses bien que je ne veux pas renoncer à l’héritage. Mais elle voulait une preuve d’amour, je la lui ai donnée... Mais j’étais certain de qu’elle m’aurait dit :
« Maintenant que je suis sûre de vos sentiments, il serait ridicule de renoncer à votre héritage. Marions nous vite ». Je sais qu’un mariage rapide est impossible, elle ne m’intéresse donc plus… Enfin, je n’ai pas trop perdu de temps. Il faut que j’en trouve une autre.
Paul
Alors là, je suis scié. Je ne te savais pas aussi retors.

Jacques
30 millions d’euros, ça force à réfléchir.

En attendant, j’en avais une de trop, et puis le compte me semblait bon. Et maintenant il m’en manque, une. Il m’en faut une. Une seule, mais vite !
Paul
Tu n’as plus rien en réserve ?


( A suivre)
abeille
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   Posté le 09-12-2006 à 07:43:28   Voir le profil de abeille (Offline)   Répondre à ce message   http://aristee.canalblog.com/   Envoyer un message privé à abeille   

Jacques
Mais non ! Tu le sais, je préfère les femmes mariées.
Paul
Oui. Comme Claire, par exemple.
Jacques
Oh, je t’en prie. Ne retourne pas le fer dans la plaie.
Paul
En tous cas, il faut voir les choses en face : pour toi, l’héritage, c’est mal barré !! Pourtant, si tu tiens avant tout aux 30 millions, il ne doit pas manquer de femmes prêtes à se marier pour avoir une aisance matérielle.
Jacques
Peut-être, mais tout de même, il faut qu’elle apporte le minimum.


Paul
Oui, je vois. Il faut qu’elle soit très jolie, pleine de charme, intelligente, cultivée, très sérieuse et très gaie, très bonne… pour ne parler que des qualités principales !
Jacques
Tu es idiot. (après réfléxion) Remarque, je ne serais pas contre une femme qui répondrait à ta définition…
Paul
Je regrette, je n’ai pas cette perle sous la main… en dehors de Jeanne.
Jacques
Ah ! Ne me parle pas de celle-là !!
A ce moment, le téléphone sonne, et Paul va répondre.
Allo ? Oui… Ah, c’est toi……Tu as reçu ma lettre……Je suis désolé…..mais je t’ai dit….Cela me semble inutile…..Mais enfin, je ne vois pas l’intérêt. Bon, bon si tu y tiens. Oui, d’accord. Très important ? Bon…... A tout de suite…
Paul raccroche. Il a l’air soucieux.
Jacques

Rien de grave ?
Paul
Non, enfin si… Tu sais, je t’avais parlé d’une liaison que je viens d’avoir… Elle a duré 2 ans.
Jacques
C’est celle qui a une propriété en Dordogne ?…
Paul
Exactement. Je lui ai écrit pour lui dire que c’était terminé. Elle a reçu ma lettre ce matin, et elle veut absolument me voir. Elle arrive. Que veux-tu que je lui dise de plus ?...
Jacques
Bon, Je vais te laisser…
Paul
Non non, reste… Devant toi, par amour propre, elle n’osera pas me supplier et peut-être pleurer… J’ai horreur de ça ! Oui, Jacques, je t’en prie, reste.

Jacques
Quand même, ce n’est pas juste. Tu as deux femmes qui te veulent, et moi qui ai absolument besoin d’en avoir une, je n’en ai plus… ( un temps) Au fait, comment est-elle, et comment s’appelle-t-elle, ta petite amie ?
Paul
Elle s’appelle Roxane. Qu’est-ce que ça peut te faire de savoir comment elle est, puisque j’ai rompu… (peu à peu Paul réalise) Hé dis ! Tu n’envisages pas, toi… avec Roxane… ?
Jacques
Et pourquoi pas ? Au point où j’en suis… Et puis ce serait un juste retour des choses : tu me prends une femme, je te débarrasse de ton ancienne. Moi je trouve ça très bien, très moral...
Paul
Mais tu es fou !! D’abord je ne vois pas où est la morale là dedans, et puis, Roxane et toi, ça ne peut pas marcher !
Jacques
Et pourquoi ça ne marcherait pas ? Je suppose que si tu es resté 2 ans avec elle, c’est qu’elle ne doit pas être mal du tout !
Paul
Arrête ! Je te dis qu’il n’en est pas question !
Jacques
Pourquoi ? Tu l’aimes encore ?
Paul
Bien sûr que non. Je ne suis pas comme toi. J’aime Jeanne. Je ne peux aimer deux femmes à la fois. Mais je te connais bien, et je connais bien Roxane aussi. Je sais que vous ne pouvez pas vous entendre.
Jacques
Oh, tu sais, en amour, on ne peut rien savoir par avance. Et puis, je suis disponible, elle aussi, alors, pourquoi ne pas étudier la question ? Cela ne fait de mal à personne !
Paul
Moi, ça me gêne. Ecoute, finalement, je préfère que tu t’en ailles, pour que je puisse m’expliquer tranquillement avec elle.
Jacques
Ah bon ! Tu ne sais pas ce que tu veux ! Tu changes d’avis ? Hé bien moi, non ! Je suis plus constant que toi. Je reste !
Paul
Ne sois pas bête. Tu as besoin de trouver une femme très vite pour toucher un héritage. Bon. Ca, je le comprends parfaitement. Mais Roxane ne PEUT pas être ta solution. Ce n’est pas une femme capable de se jeter à la tête du premier venu. Vois-tu, avant de …concrétiser, nous sommes sortis ensemble 4 mois presque tous les jours, et sans qu’il ne se passe rien.
...Et puis, de toutes façons, vous ne vous entendriez pas !
Jacques
Tu as peut être raison. Ca, je te l’accorde. Mais laisse-moi au moins tenter ma chance.
Paul
Mais puisque tu n’en as aucune, de chance !!
Jacques
Avoue plutôt que ça t’embêterait si elle était amoureuse de moi…… et t’oubliait trop vite !
Paul
Mais non, mais non ! Je lui souhaite tout le bonheur possible… et à toi aussi bien sûr.
A ce moment, on sonne à la porte d’entrée.

Jacques

Je crois que les dés sont lancés. Nous verrons bien.
Paul va ouvrir et revient avec une jeune femme. (Amis spectateurs, vous ne voudriez pas qu’elle soit laide ? Tranquillisez-vous. Elle ne l’est pas.)
Dès que Jacques la voit, il s’écrie :

Pas possible, Roxane ! Alors c’était toi ?
Paul
Vous vous connaissez ?
Jacques
Tu parles si nous nous connaissons ! Nous étions au lycée ensemble de la 4ème au bac, c’est bien ça ?
Roxane
Attends….oui…c’est exact. De la 4ème au bac. Je suppose que si tu es là, c’est que tu connais cet énergumène ? (elle désigne Paul)
Jacques

Je le connais bien. Mais pourquoi énergumène ? Paul est un garçon très bien.

Roxane
Et ce « garçon bien » t’a-t-il parlé de moi ?
Jacques
Il m’avait parlé d’une Roxane, mais j’étais à cent lieues de penser que c’était toi.
Roxane
A-t-il dit ce qu’il me fait ?
Jacques
C'est-à-dire que …oui et non… Enfin il m’a dit qu’il comptait se marier avec ma fiancée que je lui avais présentée……
Paul
Ah non, Jacques ! Tu as une drôle de façon de raconter l’histoire ! Jeanne t’avait dit qu’elle ne voulait pas se marier avec toi, vous n’étiez donc pas fiancés, et puis… tu en avais une autre de fiancée, non ? Tu n’es pas regardant pour donner ce titre. Peut-être vas-tu me dire que Roxane est ta fiancée ?
Jacques
Je ne le dis pas, parce que je ne lui ai pas encore demandé, mais qui sait ?
Roxane
Je constate, mon cher Jacques, que tu n’as pas changé. Toujours un cœur d’artichaut !



( A suivre)

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   Posté le 10-12-2006 à 09:32:51   Voir le profil de abeille (Offline)   Répondre à ce message   http://aristee.canalblog.com/   Envoyer un message privé à abeille   

Jacques
Tu es complètement dans l’erreur. J’ai beaucoup changé, au point que mon désir le plus cher est de me marier !
Roxane
Ce doit être contagieux. Figure-toi que nous avons une liaison depuis 2 ans avec ton ami Paul. Et bien pas une seule fois, il ne m’a parlé de mariage, et maintenant, subitement, il veut se marier. Mais pas avec moi. Lui aussi a beaucoup changé !
Jacques
Et pourtant, il n’a pas de problème d’héritage !
Roxane
Ca veut dire quoi "Il n’a pas de problème d’héritage" ?

Paul
Ca veut dire que contrairement à d’autres, je ne suis pas intéressé.
Jacques (s’adressant à Paul)
Tu ne vas pas embêter Roxane avec ces bricoles… Cela fait combien de temps que nous ne nous sommes pas vus, Roxane ?
Roxane
Je ne sais pas, 12 ou 15 ans… Mais je ne suis pas venue pour égrener des souvenirs d’enfance. Je suis venue entre autres choses pour essayer de comprendre.
Paul, il y a un mois, j’étais la femme de ta vie. Certes, tu ne me parlais pas de mariage puisque, par principe, tu étais contre cette institution qui, selon ton expression « Aliène notre avenir dont nous ne sommes pas les maîtres ».
Sur ce, tu pars en voyage, et, dès ton retour, tu m’écris : "Je suis désolé, mais je vais me marier. Elle s’appelle Jeanne, et je suis très triste de te faire de la peine."
Alors j’aimerais bien comprendre ! Que s’est-il passé en un mois, pour que tu flanques en l’air tes convictions les plus enracinées ?
Paul
Et bien c’est tout simple : j‘ai rencontré Jeanne.
Roxane
Et elle est arrivée à te convaincre que « le mariage n’aliène pas l’avenir dont nous ne sommes pas maîtres » ?

Paul
Il y a des domaines où les discussions ne peuvent amener à rien. Il n’y a rien à comprendre. D’ailleurs, je suis moi-même le premier surpris, mais c’est comme ça. Fais comme moi : devant les faits, incline-toi.

Roxane
Tu l’entends, Jacques ? Incline-toi ! Mais bon sang, tu agis avec moi avec inélégance, toi, tu t’en accomodes bien, c’est normal, mais tu me demandes d’en faire autant. Tu n’exagères pas un peu ?
Paul
Je t’ai présenté mes excuses, et je les réitère. Là ! Tu es contente ?
Roxane
Tu es un salaud ! Quand je pense que dans mon esprit, tu étais un être droit, franc… Décidemment les hommes….
Jacques
Oh là, hola ! Pas de généralisation ! Tu n’as rien à me reprocher, à moi.
Roxane
C’est simplement parce que tu n’as pas eu l’occasion de me décevoir. Toi et moi, nous avons été copains, mais c’est tout.
Jacques
Copains, oui… et pourtant...
Roxane
Et pourtant quoi ?
Jacques
Et pourtant, en silence, je t’ai toujours aimé !
Roxane
Tu te fous de moi ?
Jacques
Mais non, mais non !
Roxane
Alors explique-moi que, fol amoureux de moi, tu as dû avoir 5 ou 6 maîtresses, alors que j’étais là ?
Jacques
C’est parce que je t’ai toujours respectée !!
Roxane
Tu parles !!
Jacques
Tu veux une preuve ? Tu veux une preuve ? Et bien je te demande :
Il met un genou à terre.
Roxane, veux-tu m’épouser, veux-tu que toi et moi formions un merveilleux couple, que nous ayons, si tu le désires, de magnifiques petits enfants… et que…
Roxane
Relève-toi, tu es ridicule ! Quel est ce vent de folie qui vous pousse à vous marier ? Je suis certaine qu’il y a une explication. Est-ce que l’un de vous deux aura le courage de me la donner.
Paul
Moi.

Jacques
Toi, tais-toi ! Tu vas dire des bêtises !
Roxane
Laisse-le parler ! Il a grand besoin de se racheter, et j’ai le droit de comprendre.
Paul
Roxane, je vais peut-être faire ta fortune.
Cet ahuri que tu vois là (il désigne Jacques) est un riche héritier en puissance.
Mais voilà, il a une condition à remplir : il faut qu’il soit marié dans deux mois !
Je précise que l’héritage se monte à 30 millions d’euros.
Tu dis oui à Jacques, et à toi la belle vie !
Roxane
C’est sérieux cette histoire ?
Paul
Très sérieux. Tu n’as qu’à regarder Jacques pour en être sûre !
Roxane (regarde fixement Jacques qui prend l’air gêné)
Je commence à mieux comprendre la spectaculaire demande en mariage de tout à l’heure !
Tu n’as pas honte, Jacques ?
Jacques
Et pourquoi aurais-je honte ? C’est vrai que si je me marie avant 2 mois, j’aurais un gros héritage. Mais c’est vrai aussi que pour avoir cet héritage, je ne marierais pas avec n’importe qui. Toi, je te connais, j’ai toujours été attiré par toi, même môme, et plus encore aujourd’hui. Alors je te demande, où est le mal ?
Roxane
Le mal est dans le fait que tu ne m’aies pas parlé de ce sordide problème d’intérêt.
Jacques
Quand il s’agit de 30 millions d’euros, ce n’est plus sordide.


( A suivre)
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   Posté le 11-12-2006 à 08:40:59   Voir le profil de abeille (Offline)   Répondre à ce message   http://aristee.canalblog.com/   Envoyer un message privé à abeille   

Roxane
Le montant n’a rien à voir dans l’affaire.
Tu es prêt à te marier avec n’importe qui (nous ne nous sommes pas vus depuis une éternité, et de plus tu m’as dit que tu avais changé. Nous ne nous connaissons donc pas) pour pouvoir toucher de l’argent… Et par dessus le marché, tu trouves ça normal.
Il n’y a pas d’amour sans estime. Comment veux-tu que je puisse t’estimer et donc t’aimer ?
Et puis, assez parlé de cette histoire.
(s’adressant à Paul) Je te l’ai dit : je suis venue pour, entre autres choses, essayer de comprendre pourquoi, ce mariage que tu fuyais résolument, tu t’y précipites maintenant subitement. Cela je ne l’ai toujours pas compris.
Mais je suis aussi venue pour une autre raison.
Cependant, avant de te la dévoiler, je tiens à être très nette. Je viens te tenir au courant parce que cela me semble correct, mais je ne te demande rien, absolument rien, c’est compris ?
Paul
Je comprendrais peut-être quand tu m’auras dit de quoi il s’agit……
Roxane
Et bien, c’est très simple. Je suis enceinte. J’attends un bébé. De toi, évidemment. Je veux le garder, l’élever seule, et, je te le répète, je t’en avise mais ne demande rien, ne veux rien de toi.
Maintenant que les choses sont dites, je m’en vais.
Au revoir, Paul, je te souhaite d’être heureux avec Jeanne, quand à toi, Jacques, je suis persuadée que pour 30 millions d’euros, tu trouveras facilement une femme qui acceptera de te prendre en charge.
Elle se dirige vers la sortie. Paul, se précipite vers elle, la prend par le bras et la ramène au centre de la scène.
Paul

Eh là ! minute ! Tu viens m’annoncer une nouvelle époustouflante et tu t’en vas tranquillement. Puisque, tu l’as reconnu, cet enfant est de moi, et puisque tu es soucieuse de correction, tu me dois au moins d’accepter une conversation.
Tout d’abord, pourquoi es-tu enceinte ? Les accidents sont rares aujourd’hui avec toutes les méthodes de contraception. Cet enfant, tu l’as voulu ?

Roxane
Bien sûr que non, je ne l’ai pas voulu. Mais maintenant qu’il est en moi, je le garde.
Paul
Si tu ne l’as pas voulu, alors pourquoi est-il là ?
Roxane
Quelle importance ? Il est là, c’est tout.
Paul
C’est curieux que tu ne veuilles pas essayer de comprendre !
Roxane
Cela sert à quoi ? Bon. Je n’ai jamais voulu prendre la pilule. Je porte un stérilet. Il s’est peut-être déplacé, je n’en sais rien, je m’en fiche… et j’ajoute que je suis très heureuse d’attendre ce bébé. Voilà. Je peux partir maintenant ?
Paul
Mais enfin, tu as bien deux secondes ? Le problème est important...
Roxane
Mais il n’y a pas de problème, Paul. Aucun problème. Tu te maries avec Jeanne, et moi, je vais avoir un enfant que j’élèverai seul. C’est très simple.
Paul
Ah bon ! Tu trouves simple le fait que je me marie avec une femme, et que pendant ce temps, une autre femme accouche de mon enfant ?
Roxane
Ce n’est pas ton enfant. Tu as participé à sa confection, maintenant ton rôle est terminé.
Paul
Tu es idiote, ou tu fais semblant de l’être ? Toute ma vie, je saurais que j’ai un enfant, sans le voir, sans participer à son éducation... et tu trouves qu’il n’y a pas de problème ?
Roxane
Mais enfin, que veux tu, à la fin ?
Jacques, qui n’avait rien dit depuis un moment.
Si vous permettez ?... Moi, je crois que pour l’enfant, il vaudrait mieux qu’il ait son père et sa mère avec lui. Pour lui, au moins, vous devez vous marier… et Paul, tu dois expliquer la situation à Jeanne… D’ailleurs je le ferais moi-même, si tu le veux...
Paul en colère
Oh, toi, tu ne vois qu’une chose : la possibilité de récupérer Jeanne… et ton héritage !
Jacques
Non, je t’assure ! Je pense à l’enfant, auquel vous ne semblez pas, vous, assez penser.
Roxane qui a renoncé à partir, s’assied dans un fauteuil.
Roxane

C’est vrai que pour l’enfant, il vaudrait mieux qu’il ait son père. D’un autre côté, me marier avec toi, alors que tu en aimes une autre, pour toi, comme pour moi, ce n’est pas envisageable…
Paul
Roxane, le problème qui se pose à nous est d’une énorme importance. Nous ne pouvons espérer le régler au mieux sans réfléchir profondément l’un et l’autre.
Je te propose de nous donner 24 heures de réfléxion. Veux-tu revenir demain à 15 heures par exemple, et nous nous ferons part de nos réfléxions, et nous tâcherons de prendre des décisions.
Roxane
Je suis parfaitement d’accord. Pas de précipitation. Nous avons un peu de temps devant nous. Je reviendrai demain. Au revoir, Paul. Au revoir Jacques, j’espère que tu trouveras une solution à ton problème… beaucoup moins important que le nôtre..
Ils s’embrassent tous les trois, et Roxane sort.
Jacques

Elle est marrante, Roxane. Moins important mon problème, moins important ! Il s’agit tout de même de 30 millions d’euros !
Paul
Ne dis pas de bêtises ! Un enfant, cela n’a pas de prix !
Le rideau tombe.

Le lendemain à 15 heures.
Le rideau se lève sur le même décor. Paul est dans son salon. Sur la petite table, un cendrier est plein de mégots. Paul fume une cigarette qui se termine, il fouille dans sa poche, sort son paquet de cigarette et constate qu’il est vide. Il froisse le paquet et le jette, énervé sur la petite table.
Paul

Zut, zut et zut ! Je n’ai plus de cigarettes. 1 paquet et demi depuis ce matin… (il tousse plusieurs fois). A ce train là, je n’aurai même pas le temps d’être père ! Il va naître orphelin.
(Il regarde sa montre)
Il est plus de 15 heures. Mais qu’est-ce qu’elle fiche ?
La sonnette d’entrée retentit et Paul s’exclame : "Enfin !" pendant qu’il va ouvrir.
Roxane entre suivie de Paul. Elle semble très triste.
Paul

Alors ? Tu as réfléchi ? Quels sont les résultats de tes cogitations ?
Roxane
Hier soir, j’étais arrivée à la conclusion que j’élèverai seule mon Bébé.
Paul
Ah ? Hier soir ? Et aujourd’hui ?
Roxane
Aujourd’hui, je n’ai plus à penser.
Paul
Et pourquoi ?
Roxane, qui éclate en sanglots
Parce que je ne suis pas enceinte !
Paul
Quoi ?
Roxane
Non. Je ne suis pas enceinte. D’après …certains signes, j’étais sûre, certaine, d’être enceinte. J’ai fait un test ce matin… Je ne le suis pas… et je suis très malheureuse…

Paul
Je comprends un peu ta déception, mais il faut avouer que cette naissance aurait posée de nombreux problèmes. Alors regardons les aspects positifs… et si tu veux vraiment un enfant, tu pourras en avoir un dans des conditions moins compliquées. Moi, je l’avoue, je suis plutot soulagé, et tu devrais l’être aussi. Tu ne crois pas ?
Roxane
Oh, Non !! J’étais tellement sûre. Et tellement heureuse d’être mère bientôt… (Elle pleure toujours)
Paul

Tu voulais tellement avoir un bébé de moi ?

Roxane
De toi ou d’un autre… Je ne sais pas ce qui s’est passé. Quand j’ai cru être enceinte, alors que je n’y avais pas vraiment pensé auparavant, j’ai su que mon plus cher désir est d’avoir un bébé… Je dois te l’avouer, même le fait que tu me laisses tomber est passé au second plan…
Paul
C’est charmant !



( A suivre)


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   Posté le 17-12-2006 à 08:46:37   Voir le profil de abeille (Offline)   Répondre à ce message   http://aristee.canalblog.com/   Envoyer un message privé à abeille   

Roxane
Quoi ? Non seulement tu me laisses tomber, mais tu veux, de plus, que je te regrette ?
Paul
Mais non, mais non… Je me suis mal exprimé...
Roxane le regardant fixement
Je n’en suis pas si sûre… Enfin… Ce qui est certain, c’est que je suis malheureuse de ne pas être enceinte. (elle se remet à pleurer)
Paul

Mais enfin, Roxane, tu es jeune, tu auras un bébé un jour… Un bébé qui pourra avoir un Papa, sans tous les problèmes que posait celui que tu croyais avoir…
On sonne a la porte d’entrée.

Paul va ouvrir et revient avec Jacques.
Paul

Qu’est-ce que tu viens faire ici ?
Jacques
Je suis venu, parce que j’étais curieux de savoir comment vous avez résolu votre petit problème.
Paul
Tu as un sacré culot ! Au lieu de te préoccuper des problèmes des autres, occupe-toi du tien !
Jacques
Oh, le mien n’avance pas. Cela me ferait plaisir que le votre se règle.
Paul
Tu es vraiment trop gentil. Mais pour nous, il n’y a plus de problème.
Jacques
Plus de problème ? Comment ça ?
Roxane
J’ai fait une erreur : je ne suis pas enceinte.
Jacques
Ca alors !!! Comment peut-on faire une erreur sur ce sujet ? Tu avais fait un test ?
Roxane
Je n’ai fait le test que ce matin. Il est négatif. Mais j’étais pourtant certaine que j’attendais un bébé. Je ne comprends pas…
Jacques
Tu as dû prendre ton désir pour une réalité.
Roxane
Mais non. Je ne pensais absolument pas et désirais encore moins avoir un bébé. Et puis quand certains signes m’ont fait penser que j’en attendais un, j’ai été immensément heureuse, et je le voulais, je le voulais ! (elle pleure a nouveau)
Paul

Ecoutez les enfants. Voyons les choses d’une façon pragmatique.
Toi, Roxane, tu voudrais avoir un bébé. Toi, Jacques, tu voudrais te marier… N’y a-t-il pas là des éléments pour un accord ?


Roxane
Une façon pragmatique ? Un accord ? Tu as, Paul, une conception très poétique de l’amour et du mariage. Tu parles Raison dans un domaine affectif où l’on ne raisonne pas.

Jacques
C’est vrai, Roxane, l’Amour ne se raisonne pas. Mais il peut naître au moment où l’on ne s’y attend pas.
Paul ne voulait pas se marier : il se marie. Pour Jeanne, c’est la même chose...

Et puis prends ton exemple : tu n’envisageais absolument pas d’avoir un enfant. Tu ne savais pas que tu le désirais. Et puis, lorsque tu t’es crue enceinte, tu as été follement heureuse, non ?
Vois-tu, lorsque je t’ai dit que j’ai toujours été attiré par toi, c’était bien vrai. De ton côté, si tu te souviens que lorsque nous étions jeunes, j’ai eu quelques …petites amies, c’est que tu n’étais pas absolument indifférente à ce que je faisais…
Tu n’es pas obligée de me croire, mais vois-tu, en faisant abstraction de ce problème d’héritage, je serais sincèrement heureux de me marier avec toi, et que nous ayons au moins un enfant… Je viens de te livrer le fond de mes sentiments. Je te demande de ne pas répondre tout de suite. Réfléchis un peu à la question en considérant tous les paramètres… Y compris que notre enfant pourrait être élevé dans l’opulence. Ce n’est qu’un plus, mais il existe...
Roxane
Tu aurais peut-être fait un bon avocat...
Jacques
Je ne crois pas. Je ne peux défendre une cause que si j’y crois profondément.
Roxane
Cette déclaration pourrait être une habileté d’avocat.
Jacques
Tu es de parti pris. A priori, tu ne veux pas croire à ma sincérité, et c’est pourquoi je t’ai demandé de réfléchir…
Un petit silence.
Roxane

M’épouserais-tu en renonçant à ton héritage ?
Jacques
Ce serait complètement ridicule, et maso. Pourquoi renoncer à un avantage ?
Roxane
Je suis heureuse de ta réponse. Tu m’aurais répondu par l’affirmative, j’aurais été certaine de ton mensonge.
Paul, tu restes bien silencieux. Que penses-tu de tout ça ?
Paul
Je ferais 2 remarques. Tout d’abord, il s’agit de votre problème, dans lequel je n’ai aucune part ; ensuite, je rappellerais que c’est moi qui ai lancé cette idée. Je ne peux que la trouver bonne.
Roxane
J’ai un peu peur de tout ce qui m’arrive. Je ne pensais pas vouloir un enfant, et quand j’ai cru en attendre un, j’ai été follement heureuse. Je n’envisageais pas un mariage, et maintenant, ma foi, c’est une idée que je ne repousse pas...
Jacques
Fais un effort, Roxane. Tu ne repousses pas. C’est bien. Mais sois plus positive, et reconnais que tu en es heureuse.


Roxane
Heureuse ? Oh, je n'en suis pas encore là… Je n’en sais rien……. Mais ça m’inquiète. Je m’habitue bien vite à des situations nouvelles. Cela ressemble beaucoup à de l’instabilité...
Jacques
Ou à une remarquable facilité d’adaptation…
Roxane
En tous cas, il n’est pas question de prendre une décision rapidement !
Jacques
C’est exactement ce que je t’avais demandé. Il faut que tu réfléchisses. Moi, je suis sûr de moi, mais le mariage est une chose sérieuse… bien que, de nos jours, il soit moins irrévocable qu’auparavant. As-tu quelque chose de prévu cet après-midi ?
Roxane
Oui. Figure-toi que je travaille. J’ai un magasin de maroquinerie et je ne peux laisser seule ma vendeuse trop longtemps.
Jacques
Veux-tu que nous dînions ensemble ce soir ? Disons à 20 heures au « Petit gourmet ».
Roxane
Bon, d’accord. Allez, au revoir vous deux !
Roxane sort.
Jacques qui se frotte les mains.

Je crois que ça ne s’annonce pas mal, qu’en penses-tu ?
Paul
Tu parles de quoi ? Ton mariage ou ton héritage ?
Jacques
Eh bien les deux, bien sûr, puisqu’ils sont liés !
Paul
Je te posais cette question, parce que ta façon de te frotter les mains fait penser plus à quelqu’un qui vient de faire une bonne affaire qu’à quelqu’un d’amoureux.
Jacques
Il faut toujours que tu interprètes le moindre geste. Je suis content, c’est tout… Je ne m’analyse pas sans arrêt…
Paul
Ca, on ne peut te reprocher de trop analyser ! Mais, inconsciemment, tu es surtout heureux à la pensée de devenir riche !
Jacques
Parce que tu sais mieux que moi ce que je pense ? Il me semble, même si je ne suis pas très fufut, que tu es jaloux…… Roxane ne repousse pas l’idée de se marier avec moi, et tu l’as mauvaise d’être déjà oublié. Voilà la vérité !
Paul
Tu es ridicule ! La preuve, c’est que l’idée de votre mariage vient de moi.
Jacques
Là encore, l’explication est simple. Tu aimes être celui qui a les bonnes idées. Tu ne peux pas résister au plaisir de te mettre en avant. Donc, tu as lancé cette idée. Et maintenant tu le regrettes, parce que tu n’acceptes pas que Roxane puisse t’oublier aussi facilement.
Paul
Tu es ridicule, mon pauvre Jacques. Comme tu l’as reconnu, tu n’es pas très futfut. Alors ne te mêle pas de raisonnement ! Tu es à côté de la plaque comme souvent (tu vois je n’ai pas dit « toujours », je suis gentil !)
Jacques
En tous cas, j’aime de plus en plus Roxane !
Paul
Dame ! Elle est d’un bon rapport : 30 millions d’euros !
Jacques
Ma parole, tu es aigri et jaloux !
Paul
Ecoute, Jacques, reste dans ton domaine de Don Juan, et te mêle pas de psychologie. Tu vois, si nous nous entendons bien depuis des années, c’est que nous sommes très différents. Chacun dans son domaine !!!
Jacques
Oui, ton domaine à toi, c’est la discussion. Alors j’abandonne la partie.
Je repasse te voir demain, ici O.K ?
Paul
O.K. Ciao !!!
Jacques sort et le rideau tombe.

Le rideau se lève, toujours sur le salon inchangé de Paul.
Paul et Jeanne sont assis sur le canapé, côte à côte. Le bras de Paul sur les épaules de Jeanne. Ils semblent très amoureux.
Jeanne

Je ne comprends pas ce qui m’arrive. C’est à la fois merveilleux et effrayant.
Merveilleux parce que près de toi, je suis follement heureuse, et effrayant, parce que je ne peux m’empêcher de penser que ce qui vient aussi vite pourrait bien partir aussi subitement. Alors j’ai peur…
Paul
Si tu as peur, c’est parce que tu n’es pas encore absolument sûre de nous. C’est vrai que c’est allé très vite, mais c’est si puissant que cela ne peut s’évanouir tout à coup. Je crois que c’est surtout de moi que tu n’es pas sûre. Evidemment, nous ne nous connaissons que depuis peu, et puis, malgré toi, peut-être penses-tu à Jacques qui lui est effectivement assez instable, et tu te demandes si sur ce plan je ne lui ressemble pas un peu.
Mais tu peux être tranquille : je suis beaucoup plus constant que lui !
Jeanne
Tu as sans doute raison de dire que je ne suis pas encore sûre de toi. Pense qu’il y a un mois, tu étais avec Roxane.
Paul
Et toi, avec Jacques. En fait, tu vois, nous sommes au même point. Mais ce que nous commençons est tout à fait différent, plus profond, plus vrai. Ayons confiance en nous, et goûtons notre amour, sans arrières pensées…
Jeanne
Au fait, penses-tu, toi qui les connais bien tous les deux, que Roxane et Jacques vont pouvoir s’entendre ?
Paul
S’il fallait faire un pari, je mettrais plus d’argent sur notre couple que sur le leur. Beaucoup plus !!
Jeanne
Mais enfin, ça peut marcher pour eux aussi.
Paul
Vois-tu, quoiqu’on en dise, l’héritage du Tonton va leur servir.
Il faut que Jacques se marie avant 2 mois. Ils vont se marier, et Jacques touchera la moitié de l’héritage avunculaire. Et ils resteront ensemble au moins 2 ans, jusqu'à ce que la deuxième partie de l’héritage soit versée. Après…… Oh, après, je ne sais pas ce qui se passera…..
Jeanne
Mais enfin, tu sembles penser que Roxane va se marier par intérêt.
Paul
Il ne faut pas être angélique. 30 millions d’euros, c’est une somme ! Je suis persuadé que Roxane ne ferait pas n’importe quoi pour avoir cette somme, mais se marier avec un vieux copain qu’on aime bien, cela n’a rien de répréhensible, ni même de rebutant, alors…
On sonne à la porte d’entrée.
Paul va ouvrir et revient avec Roxane et Jacques.
Jacques

Nous nous sommes retrouvés en bas de ton immeuble. Cette concommitence, c’est un signe, non ?
Paul
Certainement, certainement. Alors les enfants, où en êtes-vous ?
Jacques
Si je viens de te parler de signe encourageant, tu dois bien penser que c’est en bonne voie. N’est-ce pas Roxane ?
Roxane
Nous avions décidé d’attendre encore 6 jours, jusqu’au 18, pour prendre une décision définitive.
Jeanne
Vous avez dit « nous avions décidé ». C’est donc qu’à présent vous avez changé d’avis ?
Roxane
C’est exact. Jacques, lui, je ne sais pas. Mais moi, j’ai changé d’avis. Inutile d’attendre.
Jacques
Tu aurais pu me réserver la primeure de ta décision. Je suis sur des charbons ardents, alors, parle, je t’en supplie !!!!
Roxane
Ton oncle a fait de toi son héritier sous condition, n’est-ce pas ?
Jacques
Sous condition que je me marie rapidement. C’est exact.
Roxane
Et bien moi, je me marie également sous condition !
Jacques
Quoi ???? Et sous quelle condition ?
Roxane
Après ton mariage, tu toucheras la moitié de l’héritage avunculaire. C’est vrai ?
Jacques
C’est vrai !!
Roxane
Dans un peu plus de deux ans, tu auras touché la totalité de ton héritage. Toujours exact ?
Jacques
Toujours exact !!
Roxane
Eh bien nous prenons l’engagement de divorcer à ce moment-là et de partager l’héritage…
Jacques, Paul et Jeanne s’exclament en même temps
- Mais ce n’est pas possible… Je rêve !
- Mais enfin Roxane ! Intéressée, toi ?.....
- Oh Roxane ! Je n’aurais pas cru ça de vous……
Roxane laisse passer quelques secondes, puis, éclatant de rire :
Ah !!! Je vous aime tous !! Je ne suis pas mécontente de moi !
(tendant les bras à Jacques) Allons, viens mon chéri ! Je n’en veux pas de tes sous ! En revanche, tu as intérêt à m’aimer très fort… sinon, tu auras une grosse pension à me verser !
(Visiblement, les 3 autres ne savent que penser)
Maintenant, pour que les choses soient bien claires : je vais vous faire un aveu.
Jacques
Je tremble...
Roxane
Vous avez tant parlé d’argent que je n’ai pu résister au plaisir de vous faire cette petite plaisanterie !
Je suis fille unique, et mon père est actionnaire majoritaire de deux multinationales…… Et je sais qu’il ne mettra pas, lui, de condition pour mon héritage.
(Après un moment de silence, Paul se dirige vers Jeanne)
Paul
(Faisant face à Jeanne et lui tenant les deux mains) :

Après avoir eu des mauvaises pensées à l’égard de Roxane, nous sommes obligés de leur offrir une bouteille de champagne ………bien qu’à coté de ces gros richards, nous, nous soyons des smicards… mais quand même, c’est dit : nous allons leur offrir le champagne !
Jacques riant
Non, non.Tu ne l’offres pas : je tiens à régler le champagne ! Tu me feras une petite note…… et je te la réglerai……………… dans 2 mois !!


Le rideau tombe.

FIN
Audrey
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Audrey
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   Posté le 18-12-2006 à 01:07:48   Voir le profil de Audrey (Offline)   Répondre à ce message   http://lepetitmondedaudrey.alloforum.com/   Envoyer un message privé à Audrey   

Eh bien, je viens de terminer la lecture complète : chapeau, Abeille !
J'aime beaucoup ! Le sujet est inattendu, et c'est vaudevillesque à souhait !

As-tu écrit d'autres pièces comme celle-ci ?

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abeille
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   Posté le 18-12-2006 à 17:10:10   Voir le profil de abeille (Offline)   Répondre à ce message   http://aristee.canalblog.com/   Envoyer un message privé à abeille   

Je dois en avoir écrit 6 ( une septième en cours)
Je vais en passer une seconde.
Bonne soirée
Audrey
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Audrey
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   Posté le 15-01-2007 à 05:09:13   Voir le profil de Audrey (Offline)   Répondre à ce message   http://lepetitmondedaudrey.alloforum.com/   Envoyer un message privé à Audrey   

Une question, Abeille :

N'as-tu jamais songé à "faire quelque chose" de tes pièces (les faire jouer, les proposer à un metteur en scène...) ??


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abeille
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   Posté le 16-01-2007 à 10:43:53   Voir le profil de abeille (Offline)   Répondre à ce message   http://aristee.canalblog.com/   Envoyer un message privé à abeille   

Non, bien sur. Ce ne sont pas de vraies pièces, par leur construction. Je lève et baisse le rideau quand j'en ai envie, il n'y a pas de divisions en actes et scènes.
Audrey
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Audrey
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   Posté le 16-01-2007 à 13:25:07   Voir le profil de Audrey (Offline)   Répondre à ce message   http://lepetitmondedaudrey.alloforum.com/   Envoyer un message privé à Audrey   

Peut-être. Mais cela vaudrait tout de même la peine d'essayer, non ?
Cela ne te plairait-il pas de voir jouer sur scène une de tes compositions, Abeille ?


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abeille
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   Posté le 16-01-2007 à 14:15:17   Voir le profil de abeille (Offline)   Répondre à ce message   http://aristee.canalblog.com/   Envoyer un message privé à abeille   

J'ai grand plaisir à être lu.
Pour être joué, cela necessiterait un gros travail de relecture et correction de ma part. Or c'est curieux, le mot travail, depuis que je suis à la retraite,me procure des allergies.
Audrey
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Audrey
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   Posté le 16-01-2007 à 18:31:20   Voir le profil de Audrey (Offline)   Répondre à ce message   http://lepetitmondedaudrey.alloforum.com/   Envoyer un message privé à Audrey   

Je comprends ça, Abeille.

Je pense qu'arrivé à la retraite, on a largement mérité de prendre du temps pour soi et de ne plus se compliquer la vie.


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ThunderLord
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ThunderLord
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   Posté le 04-02-2007 à 15:25:15   Voir le profil de ThunderLord (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à ThunderLord   

Je viens de tout relire et... Effectivement, c'est très agréable à lire, de bons moments, de bons mots, et des personnages sympathiques à "fréquenter"


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