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A Sermentizon, une formation unique en France

Audrey
   Posté le 09-04-2008 ŕ 22:02:03   

Au château d'Aulteribe,
les restaurateurs d'âmes fendues

Au château d'Aulteribe à Sermentizon (Puy-de-Dôme), une dizaine d'ébénistes restaurent commodes du 18ème siècle et coiffeuses en loupe de frêne, puisées dans les 2.000 pièces des réserves du château. La formation qu'ils suivent est unique en France.

"L'âme, sous le placage, est fendue sur un côté", analyse Maxime Médal, 19 ans, en montrant l'intérieur de la commode secrétaire du 18ème siècle sur laquelle il va travailler pendant plusieurs centaines d'heures.

Antoine Pailler, 20 ans, se penche sur un secrétaire de dame, d'époque Transition. "Rectitude Louis XVI, pieds galbés Louis XV", détaille le jeune homme. "Une fois restauré, ce sera très joli", assure-t-il, dans l'atelier aménagé dans les communs du château.

Onze élèves, âgés de 19 à 25 ans, ébénistes professionnels, viennent passer une semaine à Aulteribe toutes les cinq semaines.
Le Brevet technique des métiers supérieur (BTMS) ébénisterie, une formation en alternance de deux ans, a été créé en 1999.


Avec 5.000 meubles, tapisseries d'Aubusson ou porcelaines de Chine exposés, Aulteribe, légué à l'Etat en 1954, est le château le mieux meublé de la centaine de bâtiments gérés par le Centre des monuments nationaux (CMN, ex- Caisse des monuments historiques).

"Ici, il n'y a pas de contraintes de temps ou de financement : l'élève est maître de son choix et y consacre le temps nécessaire", explique le conservateur, Jean-Pierre Jourdan. Une fois restaurés, les meubles seront exposés dans le château.

Les élèves mettent en pratique les techniques particulières de marquetterie, de placage et de replacage. Ils apprennent la dépose de décors, les greffes, la consolidation des assemblages et le vernis au tampon.

"Le but à atteindre est celui de la connaissance, pas de la restauration de la collection du Centre des monuments nationaux, qui est un prétexte", souligne Philippe Allemand, chargé de l'enseignement de la restauration. Ebéniste à Issoire (Puy-de-Dôme), il a participé récemment à la restauration des marquetteries de voitures de l'Orient-Express.

Les ébénistes apprennent aussi l'histoire de l'art. "Je leur fais découvrir un style, une époque, et ensuite je commente au milieu des collections", dit Christine Labeille, conservatrice des antiquités et objets d'art du Puy-de-Dôme.

En quittant Aulteribe, certains partiront à Paris ou à New-York chez les meilleurs restaurateurs et antiquaires, d'autres s'installeront à leur compte. Nicolas Crétois, 24 ans, travaille désormais à Londres.

Pendant six mois, il a restauré un coffre en marquetterie, sorti de l'atelier d'André-Charles Boulle, ébéniste de Louis XIV.
"En France, très peu de professionnels touchent ce type de meubles, ils sont moins d'une dizaine", assure-t-il. La valeur du coffre, propriété d'une fondation américaine, atteint 2,5 millions d'euros.

(AFP - 09/04/08)
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Voilà qui sent bon l'art et le savoir d'autrefois, et le goût du travail bien fait...
Quel plaisir de constater qu'il y a encore de jeunes amoureux du vrai mobilier : celui qui a vécu, vit et vivra encore, en ayant traversé tant de générations !

Une merveilleuse idée que cette formation, dont j'ignorais l'existence.
Coolness
   Posté le 09-04-2008 ŕ 22:58:46   

Ouais, c'est super, seulement si tu sais pas dessiner pour eux tu peux pas être un bon ébeniste.
En épreuves d'ébenisterie en BEP j'ai eu 17/20, que ça soit des rélisations de marqueterie, de sculpture ou de restauration de petits meubles anciens, mais nan, pour ces personnes qui pètent plus haut que là où ils ont le derrière, si t'es pas né dans un morceau de bois avec un ciseau dans la main et que tu sais pas dessiner comme Léonard de Vinci, ne prends pas la peine de t'inscrire.

Ca m'aurait plu un parcours comme ça, mais nan je vais finir dans un bureau d'étude parce qu'ils prennent que des gens qu'ont le potentiel pour aller aux Gobelins...
Constance
   Posté le 10-04-2008 ŕ 06:37:39   

Bah, c'est dommage pour toi, mais en même temps, vu la valeur exceptionnelle (tant d'un point de vue financier qu'historique) de ce sur quoi ils interviennent, c'est assez compréhensible qu'ils aient, dans le recrutement de leurs collaborateurs aussi, un goût prononcé pour la "perfection".


Edité le 10-04-2008 à 06:40:06 par Constance


Audrey
   Posté le 10-04-2008 ŕ 21:58:44   

Mais rien ne t'empêche, Coolness, de te diriger vers la restauration (et la création) de meubles "moins historiques", si cela te tente.

Perso, je passe 4 fois par jour devant la vitrine d'un restaurateur de meubles, et je peux t'assurer que ce gars fait de véritables merveilles avec ses mains. Ses meubles sont splendides, respirent la vie et le travail réalisé avec amour. Et, personnellement, je préfère voir un amoureux du bois dans le domaine des meubles d'hier, voire d'avant-hier, plutôt qu'un "spécialiste huppé" dans les meubles Louis-truc ou Bonaparte-machin !

Des études onéreuses et trop sélectives ne sont pas forcément les mieux adaptées pour travailler avec passion le bois : elles brident souvent les élèves sur un domaine ou une époque. Mieux vaut donc faire des études moins sectaires (si j'ose dire), garder ainsi davantage de possibilités de débouchés et, surtout, travailler vraiment sur LE domaine qui te plaît, en restant ouvert à tout ce qui complète ta passion.
ThunderLord
   Posté le 13-04-2008 ŕ 15:29:16   

+1 total, travailler sur un meuble qui n'aie pas appartenu à un richard ne rend pas le meuble moins beau, ni le travail moins gratifiant