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 Les REVENUS de nos ANCIENS

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Audrey
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   Posté le 25-05-2006 à 23:19:17   Voir le profil de Audrey (Offline)   Répondre à ce message   http://lepetitmondedaudrey.alloforum.com/   Envoyer un message privé à Audrey   

Je vous transcris ici un article paru le 24/05/06 dans l'Humanité, qui en dit long sur le désastre que subissent nos Anciens côté revenus.
L'article est long (je n'ai pas voulu n'en faire qu'une transcription partielle), mais prenez la peine de le lire jusqu'au bout, car il est des informations qu'il est bon de connaître pour comprendre ce que vivent les gens autour de nous.

Et, surtout, n'hésitez pas à donner votre avis sur tout cela.



Des pensions de misère pour les invalides

Protection sociale . Arrivés à l’âge de soixante ans, de nombreux invalides voient leur revenu chuter. Ils subissent de plein fouet les conséquences des réformes Balladur et Fillon.

Quatre ans déjà qu’il a pris le choc, et il ne s’en remet toujours pas. En mai 2002, Jean-Pierre Huchet, peintre en bâtiment de métier, vient d’avoir 60 ans et il reçoit, comme tout un chacun, de la Caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV) notification de sa pension : 359,65 euros mensuels. Nets. Pour vivre, si l’on ose écrire, après une existence de dur labeur. Le tout nouveau retraité tombe de l’armoire. Il fonce au siège de la CNAV, où il s’entend expliquer que non, il n’y a pas d’erreur, la loi, rien que la loi, toute la loi, lui a été appliquée. Pour Jean-Pierre Huchet, c’est comme si, soudain, il écopait d’une deuxième peine.

La première, il la purgeait depuis 1991, date à laquelle la Sécu l’a mis en "incapacité de travail". Depuis quelques années déjà, il cumulait de graves problèmes de santé, entraînés, sans aucun doute de l’avis du médecin qui le suit, par l’exposition à des produits dangereux (peintures, solvants) sur les chantiers. Rhinite récidivante, pancréatites aiguës, eczéma, troubles de la vision, épilepsie, dépression. À plusieurs reprises il avait tenté de reprendre le collier ; chaque fois, il avait rechuté en arrêt maladie. Et malgré la solidité de son dossier, l’assurance maladie avait refusé de reconnaître son affection comme "maladie professionnelle" : cette reconnaissance lui aurait valu l’attribution, sans interruption jusqu’à la fin de ses jours, d’une rente d’invalidité professionnelle nettement supérieure à ses revenus d’aujourd’hui, indique-t-il avec amertume.

En lieu et place, l’intéressé perçoit donc, à partir de 1991, une "pension d’invalidité 2e catégorie". Outre le coup au moral que représente le passage au statut d’invalide, Jean-Pierre Huchet enregistre alors un premier, et sévère, décrochage de son revenu : sa pension s’élève à 676 euros alors que, comme chef de chantier dans une PME parisienne, il gagnait jusqu’ici quelque 2 100 euros. Avec la "petite compensation versée par la caisse des cadres", il parvient à un revenu équivalent à la moitié de son salaire. Bon gré mal gré, il se résigne. Tout en interrogeant : qu’en sera-t-il demain, lorsqu’il aura atteint l’âge de la retraite ? Réponse de la Sécu : la pension d’invalidité sera remplacée par une pension de vieillesse. Mais il n’a pas de raison de s’inquiéter : "À la retraite, vous toucherez plus", lui assure-t-on.

Le passage au statut d’invalide
Plus dure sera la chute devant la vérité des chiffres : 359,65 euros nets de retraite mensuelle (383 euros aujourd’hui, avec les revalorisations intervenues depuis). Pour un homme dont la carrière a commencé à l’âge de quatorze ans, comme apprenti, oeuvrant 6 jours sur 7, jusqu’à 10 heures par jour - "j’étais nourri et payé 10 centimes de l’heure" . Et qui la termine avec une santé "toute détraquée".

En ce mois de mai 2002, au siège de la CNAV, il implore : "Je suis invalide à cause des peintures. Au moins, laissez-moi le montant de la pension d’invalidité !" Jean-Pierre Huchet apprend alors qu’il n’a "pas de chance" : il fut un temps (jusqu’en 1983) où la loi garantissait à l’invalide que sa pension vieillesse ne pourrait être inférieure à la pension d’invalidité. Seulement voilà, depuis, la loi a changé. Depuis, la droite a "réformé". Décrets Balladur-Veil en 1993, loi Fillon en 2003. Au nom de la "sauvegarde" financière du système de retraite, le mode de calcul des pensions a été modifié.
Les invalides, comme tous les assurés ayant subi des aléas au cours de leur vie active (maladie, chômage, précarité), font ainsi les frais de la nouvelle règle consistant à établir la retraite sur la base des vingt-cinq meilleures années de salaire, au lieu des dix meilleures précédemment. Et qui fait automatiquement baisser le niveau des pensions.

Après s’être longtemps démené seul (lettre à Chirac, interpellations de ses élus locaux, etc.), oscillant entre volonté d’en découdre et moments d’abattement, Jean-Pierre Huchet a trouvé un peu de réconfort en apprenant, dernièrement, l’existence de la Fédération nationale de l’invalidité et de la retraite (*).
Une création récente, due à un retraité du Maine-et-Loire. En 2004, Michel Baillif, ancien boucher, devenu invalide à la suite d’un accident du travail, arrive à son tour à l’âge de soixante ans. Il constate "avec horreur" la chute de ses revenus : de 2 300 euros en invalidité à 990 euros de retraite. Lui aussi croit d’abord, dit-il, à "une erreur". Lui non plus n’était "informé de rien".
Révolté, il veut alerter la population. Un article du quotidien régional le Courrier de l’Ouest raconte son histoire. "Le lendemain, à partir de 7 h 30, mon téléphone n’a pas cessé de sonner..." Michel Baillif décide de créer une association dans son département. L’écho est tel que, très vite, celle-ci se transforme en une fédération nationale, dont le nombre des antennes locales se multiplie aujourd’hui. "Les gens commencent à se réveiller", se félicite le président Baillif.

Chute des revenus de 20 % à 60 %
Combien sont-elles, au total, ces victimes de la loi Fillon qui, en passant de l’invalidité à la retraite, subissent une perte de revenu de 20 % à 60 % ? Difficile à estimer mais, au vu du rythme de croissance de la fédération, Michel Baillif avance le chiffre de dizaines de milliers. "Les nouveaux pauvres sont programmés : ce sont les invalides en retraite", accuse-t-il, évoquant de nombreuses situations de précarité.
Lui, par exemple, a dû se résoudre à vendre sa maison, dont il ne pouvait plus payer les traites, confie-t-il. À Paris, Jean-Pierre Huchet, avec sa maigre pension de vieillesse, même légèrement augmentée de la retraite complémentaire, n’y arrive pas plus : "On a tenu le coup d’abord avec nos économies, maintenant, c’est fini..."

La fédération multiplie les démarches auprès des élus, des pouvoirs publics pour obtenir un amendement à la loi Fillon, modifiant le calcul des retraites des invalides et des handicapés. Objectif : garantir que la pension de vieillesse ne sera pas inférieure à la pension d’invalidité. Et pour cela, calculer le montant de la première comme celui de la seconde : en revenant à la règle des "dix meilleures années".

Un appel de détresse
Michel Baillif a demandé au ministre de la Santé et de la Protection sociale, Xavier Bertrand, d’organiser une "réunion de travail" pour étudier la revendication.
"Croyez-vous qu’il soit possible de vivre décemment avec un si petit revenu ?", lui écrit-il, en citant deux exemples d’invalides retraités dont la pension est tombée, respectivement, de 564,06 euros à 208,71 euros, et de 653,48 euros à 313,90 euros. Sa lettre, un "appel de détresse", dit-il, reste à ce jour sans réponse.

(*) Contact : Michel Baillif
"la Saoura", chemin de la Fermerie, 49 150 Saint-Martin-d’Arcé.
Site internet : www.retraite-invalide.org.


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   Posté le 26-05-2006 à 12:35:38   Voir le profil de Simulacre (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Simulacre   

Effectivement, il y a le côté injuste de cette histoire.
Cet homme a travaillé très tôt et durement durant toute sa vie, a été déclaré comme invalide et a vu au cours de sa vie ses revenus baisser de plus en plus. De plus, il s'est vu confronté à des fausses promesses, à l'hypocrise de l'Assurance Maladie... Ca, tout le monde l'a bien compris.

Bien sûr, il faudrait amender la loi. Mais en a-t-on les moyens ? Avons nous l'argent pour changer le mode de calcul ? Ne faut-il pas donner moins à tous que beaucoup à peu ?
Il y a toujours le même problème : l'argent. Le déficit de la France, le refus des français à travailler plus...

Je pense qu'il faut vraiment étudier le sujet dans son ensemble, en tant que problème personnel par rapport aux invalides mais aussi comme problème de société avant de blamer qui que ce soit et de proposer de réelles solutions.

Message édité le 26-05-2006 à 12:36:21 par Simulacre


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   Posté le 26-05-2006 à 13:18:49   Voir le profil de Audrey (Offline)   Répondre à ce message   http://lepetitmondedaudrey.alloforum.com/   Envoyer un message privé à Audrey   

Il n'empêche qu'on entend malheureusement peu parler de ce phénomène catastrophique.
Comment une personne peut-elle vivre, se loger, se nourrir, avec quelque 300 euros par mois ???
Est-ce cela la récompense d'années de labeur et de cotisations ??

Et puis quand on parle de savoir "où trouver l'argent ?", si l'on faisait réellement le tour des sommes colossales dépensées à tort et à travers en France (il y avait d'ailleurs une émission, à une époque, présentée par Mr Pernoud, qui présentait toutes les dépenses inutiles, les travaux commencés et jamais terminés, etc. qui coûtaient les yeux de la tête à la France),
....il y aurait largement de quoi faire en sorte que nos Anciens ne vivent tels des clochards.

Tant d'argent est jeté par les fenêtres ! J'en prends un simple exemple : dans la ville de Villeurbanne (69), la "décoration" d'un rond-point a coûté 4 millions de francs ! Et savez-vous quelle est cette déco : deux cabines de chantier apposées tête bêche !
Si ça ce n'est pas de l'argent jeté par les fenêtres !!

Je suis outrée qu'une société dite "civilisée" laisse ainsi ses Anciens à la traîne !
Il y a l'argent, c'est certain, mais en revoyant très sérieusement la distribution de certains budgets, en arrêtant de dilapider d'un côté pour priver de l'autre.


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   Posté le 26-05-2006 à 18:37:24   Voir le profil de Simulacre (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Simulacre   

C'est vrai également qu'il y a un gros problème du côté de l'organisation. Je connaissais déjà cet exemple, je pense l'avoir vu dans une émission.


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   Posté le 02-08-2006 à 23:35:13   Voir le profil de Yeva Agetuya (Offline)   Répondre à ce message   http://koboxora.free.fr/index.htm   Envoyer un message privé à Yeva Agetuya   

Audrey a écrit :

Comment une personne peut-elle vivre, se loger, se nourrir, avec quelque 300 euros par mois ???

Il y a d'autres avantages sociaux : un RMI, c'est plus de 600 par mois, allocation logement comprise.
Constance
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   Posté le 02-08-2006 à 23:46:24   Voir le profil de Constance (Offline)   Répondre à ce message   http://constancejill.free.fr   Envoyer un message privé à Constance   

Le RMI c'est pas réservé à ceux qui cherchent du travail ?
Parce que bon, les retraités ... je doute un peu qu'ils y aient droit, du coup ^^


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Précis des Préceptes, Régimes et Règles de Conduite des Marteleurs, vol. 113 :
Un coup de ciseau donné ne peut être défait. Mais pire est de n'oser le faire. Ne soyez pas précautionneux, soyez juste.
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   Posté le 03-08-2006 à 01:51:20   Voir le profil de Audrey (Offline)   Répondre à ce message   http://lepetitmondedaudrey.alloforum.com/   Envoyer un message privé à Audrey   

Je pense la même chose que toi, Constance. A mon avis, les retraités n'ont absolument aucun droit au RMI.

Et, même en admettant que cela soit possible, lorsque l'on connaît le principe des administrations, qui veut qu'une allocation ne se cumule pas avec une autre (sauf allocations familiales et de logement), cela sous-entendrait que les retraités devraient alors renoncer à leur montant de retraite pour privilégier une autre aide, qui, elle, n'est pas versée de façon durable... cherchez l'erreur...


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