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Envolée des demandes de brevets scientifiques

Audrey
   Posté le 09-01-2008 ŕ 23:12:39   

Envolée des demandes de brevets scientifiques à l'échelle mondiale

L'envolée des demandes de brevets scientifiques dans le monde, avec une poussée particulièrement forte en Chine et en Corée, menace de noyer sous les dossiers les instances chargées de leur octroi, selon les experts.

Cette envolée témoigne d'un haut niveau d'innovation, mais aussi de la volonté de grandes entreprises de monopoliser des secteurs de développement aussi larges que possible afin de limiter la possibilité pour leurs concurrents de chasser sur leurs terres.

Elles ont recours à de multiples demandes de brevets, pour se prévaloir d'un large capital d'inventions et pouvoir ainsi en marchander les idées plutôt que les produits eux-mêmes, selon Alison Brimelow, présidente de l'Office européen des brevets (OEB) dont le siège se trouve à Munich, en Allemagne.

"Pour certains une telle stratégie se révèle très lucrative", affirme Mme Brimelow.

Une autre stratégie, adoptée en majorité par de grandes entreprises, consiste à multiplier les demandes de brevets ayant trait à une même invention, pour en protéger la moindre innovation, et compliquer ainsi la tâche de concurrents potentiels.

De telles stratégies, notamment dans les semi-conducteurs aux Etats-Unis et dans les téléphones portables en Europe, se sont traduites par une inflation des demandes de brevets.

Les composants et applications d'un téléphone portable, par exemple, font aujourd'hui l'objet de 800 à 900 brevets.

L'enregistrement de brevets croît de 4,7% par an, selon le dernier rapport de l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI).

Et cette croissance est particulièrement importante en Asie où les demandes ont doublé depuis une dizaine d'années en Corée du sud, et été multipliés par huit en Chine. En 2005, 1,6 million de demandes de brevets ont été enregistrés à l'échelle mondiale.

"Le fait qu'il y a maintenant à l'échelle mondiale une montagne de dossiers en attente d'examen constitue un vrai problème. Les entrepreneurs ne savent pas toujours si une demande d'homologation déposée ailleurs risque de faire barrage à la leur", selon Mme Brimelow, dont l'organisation délivre des brevets valables dans de nombreux pays européens.

Le nombre des demandes a plus que quadruplé à l'OEB ces 25 dernières années, atteignant aujourd'hui 208.500.

Et le nombre des dossiers en attente a atteint l'an dernier 440.000 à l'OEB, 838.000 au Japon et 1,1 million aux Etats-Unis.

Quelque 30% des demandes déposées à l'OEB sont rejetées lors des premiers examens, et la moitié du stock restant par la suite, selon Mme Brimelow.

"C'est un signe qu'une bonne part des demandes de brevets reposent sur du vent", selon la présidence de l'OEB qui voudrait encourager plus de coopération entre les instances responsables, à l'échelle européenne et internationale, pour régler le problème des dossiers en attente.

Paradoxalement, c'est le piratage chinois qui a ralenti les demandes de brevets en Europe, selon les milieux d'affaires allemands.

"Les détails techniques sont disponibles sur internet dans les 18 mois suivant le dépôt d'une demande de brevet, et il est facile pour un expert de les plagier", selon le président de l'Office allemand des brevets Jürgen Schade, cité par le quotidien Financial Times Deutschland.

Les concurrents chinois tirent régulièrement avantage des informations techniques publiés par les offices de brevets pour rapidement fabriquer des copies, selon Heinrich Weiss, patron du groupe sidérurgiste allemand SMS. C'est pourquoi, dit-il, "nous déposons de moins en moins de demandes de brevets à l'heure actuelle".

"Maintenant nous cherchons à tenir les Chinois à l'écart aussi longtemps que possible", ajoute Harald Joos, patron du fabricant de grues Demag Cranes.

Selon l'Association allemande des producteurs de machines-outils (VDMA), quatre sur cinq de ses adhérents ont été victimes de la piraterie chinoise.

(AFP - 09/01/08)