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1er Défilé d'un jeune styliste mal-voyant

Audrey
   Posté le 22-09-2006 à 00:06:46   

(AFP - 21/09/06)
Premier défilé à Paris d'un jeune styliste mal-voyant

Un jeune styliste malvoyant et au passé tourmenté, Mason Ewing, a présenté, mercredi soir à Paris, sa 1ère collection, conçue comme un "défi" et une "première étape" de son parcours dans le milieu de la mode.

Devant plusieurs dizaines de personnes, parmi lesquelles ses "parrains", le couturier Olivier Lapidus et la journaliste Dominique Torrès, Mason Ewing, 24 ans, Français d'origine camerounaise, a proposé une série de T-shirts portant un signe en braille destiné à permettre aux mal-voyants d'en connaître la couleur par le toucher.

Les T-shirts portent également, au dos ou devant, le logo de la marque (les lettres M et E) ou son emblème, un bébé noir au yeux bleus et à la mèche blonde de Kirikou métis. "C'est le symbole de l'innocence, de la pureté, de la tolérance", a expliqué Mason Ewing, en marge du défilé.

Ces pièces s'associent à des jeans amples également marqués du logo. La robe de mariée, créée par une jeune styliste sur l'inspiration de Mason Ewing, a été particulièrement applaudie.

Le jeune homme, qui travaille dans son appartement à Meaux (Seine-et-Marne), a expliqué avoir voulu rendre hommage à sa mère, Marie, ancien mannequin noir mort à 20 ans au Cameroun alors qu'il n'a que quatre ans. Le petit garçon est alors envoyé en France chez un oncle et une tante qui le maltraitent, lui infligeant des tortures morales et physiques. L'enfant martyr fugue, erre dans les rues... A 15 ans, un autre drame le frappe : il perd la vue.

Mais il aime obstinément la mode, un goût hérité de sa mère. "Ce qui m'a poussé, c'est ma mère. C'est un bel héritage, une belle richesse qu'elle m'a laissée. Et si j'en suis là aujourd'hui, c'est grâce à elle", explique-t-il. La robe de mariée, à la longue traîne blanche en cascade, a été conçue "pour lui dire un au revoir".

Le jeune homme, qui dirige une équipe d'une quinzaine de personnes, n'a pas de formation de styliste. "La seule formation que j'ai, c'est ma confiance en moi, et celle des gens qui ont cru en moi", dit-il.

Outre Olivier Lapidus et Dominique Torrès, il rend notamment hommage au styliste nigérien Alphadi, et à "des gens chez Hubert de Givenchy" qui, dit-il, "ont vraiment voulu que je m'en sorte. Ils ont toujours cru en moi. Pour eux, mon handicap n'était pas un problème".

Admirateur de "Monsieur (Yves) Saint-Laurent", de Christian Dior et de Jean Paul Gaultier, Mason Ewing n'entend pas en rester là. Cette collection est "une première étape. Je voudrais lancer des modèles pour femme dans un an", confie le styliste qui envisage également d'écrire son autobiographie.