| | | | | | | | Audrey | | Laissez vivre les mots | | Administrateur |  |  | | 12339 messages postés |
|  Posté le 26-07-2006 à 22:37:39    
| (AFP - 26/07/06)
Chine : 30 ans après le séisme de Tangshan, les souvenirs restent douloureux  Vue du mémorial du séisme de Tangshan
Le meurtrier tremblement de terre de Tangshan, que la Chine commémore cette semaine, a laissé, trois décennies plus tard, des traces douloureuses et indélébiles dans toutes les mémoires, même si une cité nouvelle et moderne est née des ruines de l'ancienne ville.
Il y aura 30 ans vendredi, 240.000 personnes, soit le quart environ de la population de Tangshan, trouvaient la mort dans le séisme, le plus meurtrier du 20e siècle.
La première secousse, d'une magnitude de 7,8 sur l'échelle de Richter, frappait la ville industrielle du nord-est de la Chine à 3H42 le 28 juillet 1976. Une secousse secondaire, guère moins importante (7,1), déferlait 15 heures plus tard, achevant des milliers de gens pris au piège des premières destructions.
"Mon souvenir le plus horrible, c'est lorsque j'ai dû traverser un endroit où étaient empilés tous ces corps dans des sacs plastiques", raconte Li Xuemei, une libraire de Tangshan. "Je n'avais que sept ans ; je ne garde donc pas de souvenirs très précis, hormis que c'était horrible", ajoute-t-elle.
Li Xuemei a perdu huit parents ce jour-là : un jeune frère, trois de ses grands-parents, une tante, des cousins. Elle ne songe donc pas à "célébrer sa survie le 28 juillet, même si les choses ont changé pour le mieux" dans sa ville à 200 kilomètres à l'est de Pékin. "Nous allons seulement commémorer les morts".
Avec un épicentre directement situé sous la ville, le séisme dégagea une énergie 400 fois plus puissante que la bombe atomique d'Hiroshima.
Il blessa grièvement plus de 160 000 personnes, laissa orphelins 4 200 enfants de moins de 16 ans, fit 7 000 veufs et 8 000 veuves, et détruisit 90% des immeubles.
"Un ravage...", commente Wang Baoqin, une survivante de 57 ans.
"Nous avons passé notre matinée ce jour-là à chercher les gens.(...) Je me souviens de la poussière et des immeubles effondrés, des cris et des appels au secours".
Comme Li, Wang trouve "incroyables" les changements depuis dans sa ville, qui a bénéficié, comme le reste du pays, de l'ouverture économique et de la croissance à deux chiffres. Mais comme pour la libraire, ce miracle n'a pas effacé le deuil : "Tous les ans depuis lors nous commémorons ceux que nous avons perdus".
Certains traumastismes n'ont pas non plus disparu : Chen Jianhua, un cheminot de 50 ans, n'oubliera "jamais" les deux heures qu'il passa ce matin-là enseveli sous des décombres.
Un fois secouru, Chen a marché 15 kilomètres, d'une traite, pour rentrer chez lui, ignorant les blessés et les demandes de secours, "les corps empilés partout", avec une seule idée en tête : retrouver sa famille, savoir ce qu'il était advenu de ses proches.
1976, la Révolution Culturelle est finissante (Mao Zedong mourra un mois plus tard, le 9 septembre), le pays vient de traverser une décennie désastreuse et de repli et le gouvernement n'en est pas à accepter l'aide internationale.
Ce refus, diront les critiques, a alourdi le bilan des victimes.
Et si les autorités déploient 100 000 soldats et 50 000 travailleurs médicaux sur Tangshan, le reste du pays est tenu dans l'ignorance quant à l'ampleur de la catastrophe. En fait Pékin ne publiera le bilan des victimes qu'en 1979.
Aujourd'hui, pour ce trentième anniversaire, les médias officiels préfèrent évoquer la reconstruction de Tangshan plutôt que le séisme lui-même. Leurs colonnes sont consacrées aux nouveaux immeubles et nouvelles avenues de cette ville devenue métropole moderne de quelque 3 millions d'habitants.
Avec ses aciéries, sa métallurgie et ses houillères, Tangshan se classe dans les 50 premières villes de Chine, avec un produit intérieur brut de 54 milliards de yuans en 2005 (6,7 mds dollars).
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